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Deuxième épisode : la région de Dersim ; Le barrage : l’identité culturelle alevi noyée ?

Le documentaire est en mp3 et est d’une durée de 54 minutes et 37 secondes.

Il peut-être écouté par le biais du lecteur ci-dessous.

Texte

Historique et spécificités culturelles de la région

Dersim est une région située à l’ouest du Kurdistan turc. Cette province comprend sept sous-préfectures et sa ville principale est Tunceli. Elle est majoritairement peuplée par les alevi qui pratiquent un islam issu de la tradition soufie. Sans interdits, prônant l’égalité entre les sexes, leur pratique religieuse les distingue des autres populations kurdes majoritairement sunnites. Ces spécificités culturelles ont également eu une incidence sur les relations entre Dersim et le pouvoir central turc qui y a vu une population encore plus difficile à assimiler à la République turque du fait de sa situation géographique isolée, de son système économique autarcique et de son organisation sociale communautaire. En 1938, l’armée turque finit par assiéger la région et par y massacrer une grande partie de la population. Suite à ce genocide, la capitale se fit renommer Tunceli qui signifie la main de bronze en turc. Malgré cet épisode dramatique, Dersim devint dans les années 1970 le foyer de révoltes d’extrême-gauche. Plusieurs groupes armés firent leur apparition et reprirent la résistance face à l’Etat turc.

Aujourd’hui, Dersim n’est plus une région très peuplée ; les alevi ont été nombreux à émigrer vers les grandes villes turques et européennes. Cette forte diaspora permet toutefois de soutenir les luttes locales et le travail social des mairies de la région en récoltant et envoyant des fonds. Malgré la constante militarisation de la région, la protestation face aux projets de construction de barrages est forte. Les militants y dénoncent une volonté de l’Etat turc de destruction de la culture alevi, particulièrement résistante à l’assimilation.

Barrages réalisés, vallées dénaturées, culture submergée

Le premier barrage des 18 prévus a été construit en juillet 2009. Stratégiquement, la DSI (l’institution nationale étatique gérant la construction des barrages) l’a érigé à une trentaine de kilomètres en aval de Tunceli, la capitale. Sa situation permet une surveillance militaire plus facile et d’éviter des attaques de la guerilla très présente dans les montagnes de la région (environ 1000 guerilleros présents encore aujourd’hui). C’est aussi le début d’une occupation militaire très présente avec deux postes de contrôle et des tanks présents aux abords des viaduc situés près du lac que le barrage a créé.

Dersim est une région montagneuse délimitée par deux vallées où coulent deux rivières sacrées pour les alevis : le Munsur et le Pülümur. C’est sur leurs cours que 18 barrages devraient être construit. Dans la culture alevi, Munsur est un dieu qui régit la vie quotidienne des habitants. Il est donc très protégé et l’eau y est limpide. Modifier son cours est donc une attaque directe à cette culture.

Plus pratiquement, transformer les cours de ces rivières en lacs permet de rompre les voies de communication entre les villes principales de la région. En se promenant dans la vallée de Munsur entre Tunceli et Ovacik, le tracé de la future route devant remplacer celle qui sera submergée est visible. L’eau devrait monter d’une dizaine de mètres signifiant ainsi la mort de la vallée et des activités culturelles se déroulant le long des berges. On y trouve de nombreux cafés et des aires de pique-nique où les habitants se retrouvent, mais aussi des lieux sacrés. Dans la culture alevi, les prières se déroulent en communauté mixte sur des sites naturels tels des arbres ou des rochers particuliers, ou dans la cemevi, un bâtiment ouvert à tous où l’on prie mais où sont aussi discutés les problèmes locaux entre habitants. Un des principaux lieux sacrés s’est fait submerger fin octobre 2009. Il se trouvait à l’endroit où le Pülümur et le Munsur se rejoignent. Une cérémonie y a eu lieu en présence d’artistes locaux, d’élus et de militants, la veille de la grande manifestation du 10 octobre 2009 où quelques 20000 personnes se sont retrouvées pour crier leur refus à ces projets gigantesques.

Intervenants : Ercan Topag, correspondant local pour le quotidien Günluk ; Hüseyin Aygün, avocat des droits de l’Homme et auteur de recherches sur le massacre de 1938 à Dersim ; Hüseyin Tung, représentant local de l’EMEP ; Le représentant local du DTP ; Mahmut Nà¶zucitaç, ingénieur urbaniste à la mairie de Tunceli ; Fehra Tunç, artiste ; Metin Kahraman, artiste ; La présidente de l’association de femmes Anafathma ; Micro-trottoirs de manifestants et d’habitants de Tunceli.


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